Ikenobo


"L'arrangement floral permet d'atteindre l'éveil spirituel". C'est ce que pensait Sen'no Ikenobo, le fondateur du concept de l'ikebana qui vivait dans les dernières années de la période Muromachi (1333-1573).

Dans la compilation de son enseignement, il insiste sur le fait que non seulement les belles fleurs fraiches, mais aussi les bourgeons ou les fleurs fanées sont porteurs de vie. Cette philosophie de l'ikebana Ikenobo est restée intacte jusqu'à aujourd'hui.

L'école Ikenobo, à l'origine même de l'art de l'ikebana, comporte trois styles de base :

  • Le plus ancien, le style rikka (littéralement, fleur dressée), qui perdure depuis la période Muromachi.
  • Le style épuré shoka (littéralement fleur vivante) inventé pendant la période Edo (1603-1868)
  • Le style jiyuka ou style libre, apparu après la seconde guerre mondiale, pour lequel aucune forme n'est fixée.

L'ikebana Ikenobo s'est développé autour de ces styles de ses débuts jusqu'à nos jours et continue à se transmettre pour évoluer vers le futur.

L'Histoire


Au VIIIème siècle, Ono no Imoko, un membre de la cour impériale, décida, après trois ambassades en Chine, de se retirer de la vie active. Sous le nom de Senmu, il devint responsable du temple bouddhiste "Shiunzan Chohoji" de Kyoto, temple construit par le Prince Shotoku Taïshi, neveu de l’impératrice Suiko. Ce temple est familièrement connu sous le nom de "Rokkaku-do" en raison de la forme hexagonale de son pavillon originel construit pour y vénérer la statue de la déesse Nyoirin Kannon. Il est le berceau et le siège de l'école Ikenobo depuis plus de 500 ans.

Senmu s’installa dans une petite maison, appelée ike-no-bo ou "la cabane au bord du lac". En Chine, il avait notamment étudié l’art des offrandes de fleurs aux cérémonies religieuses. Il continua donc tout naturellement à pratiquer cet art et commença à en définir les règles de composition. C’est ainsi que naquit au Japon l’art et l’histoire de l’ikebana et celle de l’école Ikenobo.

Les prêtres se consacrèrent alors de plus en plus activement à l’art de l’arrangement floral. En 1462, le grand maître Senkei Ikenobo écrivit les premières règles du rikka (arrangement spécifique à l'école Ikenobo) et il est donc considéré comme le fondateur de l’école Ikenobo. La toute première exposition ikenobo se tint à l'automne 1629, un événement qui, depuis, se déroule chaque année à Kyoto à la même époque et qui accueille des participants de tous âges et de tous pays.

De nombreux styles de composition apparurent au cours des siècles. Au XVIIème siècle, l’ikebana évolua vers une forme d’art de cour, destinée à honorer les invités et non plus seulement les dieux. Cet art était exclusivement pratiqué par la haute noblesse et par les hommes. L’école Ikenobo se structura et une hiérarchie fut établie pour les élèves et pour les maîtres par la création de diplômes. Plus tard, au XIXème puis au XXème siècle, l’ikebana se démocratisa et devint un art accessible à tous, pratiqué par toutes les couches sociales. Le Japon s’ouvrant au monde extérieur, des fleurs d’importation firent également leur apparition.

De nos jours, les valeurs et les principes traditionnels sont toujours enseignés et suivis avec respect mais l’école Ikenobo s’ouvre aussi aux influences des temps modernes et certains styles évoluent, laissant davantage de place à la créativité personnelle.

L’Ecole Ikenobo est actuellement dirigée par Senei Ikenobo, 45ème grand maître et Iemoto.

Le mot de notre grand maître

Le mot de notre grand Maître

L'histoire d'Ikenobo se confond avec celle de l'ikebana et fit sa première apparition dans l'histoire du Japon il y a quelque cinq siècles. Depuis lors, Ikenobo n'a jamais interrompu ses recherches, sa poursuite d'une beauté fondée sur les fleurs et les plantes, parvenant ainsi au prestigieux niveau artistique que l'ikebana connaît aujourd'hui.

"Un impérieux désir de belles choses", "une envie d'être et de rendre beau", "une envie de créer de la beauté" : toutes ces aspirations pleines d'ambition sont partie innée de l'âme, de la nature humaine.

Dans les champs, arbres et plantes se plient à la loi du changement permanent, préservant ainsi l'harmonie rigoureuse de l'ordre naturel. Notre âme ne peut s'empêcher d'être émue par la perception de ces changements naturels de végétation. Elle connaît alors un moment de félicité, de joie et d'espoir.

De la même façon que certains écrivent des poèmes, recourent à la calligraphie ou à la peinture, nous, à l'écoute du langage informulé des arbres et des plantes, c'est par l'ikebana que nous exprimons la beauté que nous y percevons.

L'ikebana, chez Ikenobo, ce sont des poèmes, des tableaux de composition florale suggérant par leurs merveilleuses formes un nouvel espoir, une espérance neuve en l'avenir.

L'un des arts de tradition représentatifs du Japon et réputé à présent dans le monde entier, l'ikebana est désormais "l'ikebana universel". Ignorant les frontières, Ikenobo - dont le siège se trouve à Rokkaku-do, berceau de l'ikebana - s'efforce de présenter "l'âme de l'ikebana" à un nombre croissant de personnes des quatre coins du monde. C'est de tout notre cœur que nous espérons, ainsi, que l'âme de l'ikebana, unissant le cœur de tous les habitants de notre planète, jettera les bases de la paix et de l'amour sur terre.

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Senei Ikenobo
45e Iemoto d'Ikenobo